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Benjamin Mouly

, à propos.
+/

Né en 1987, vit et travaille à Marseille (FR).

Contact, benjamin.mouly@gmail.com

Portfolio (FR) – (EN)

Benjamin Mouly a étudié la photographie à l’ENSP d’Arles et l’art contemporain à la HEAD de Genève. Son travail a été exposé en France et à l’international (MC2 Gallery Milan, Alliance Française de Bogotá), à l’occasion d’expositions personnelles (Galerie Les Filles du Calvaire), collectives (Collection Lambert) et de foires (Paris Photo, Unseen Amsterdam, Art Bruxelles). Après une année de résidence à la Casa de Velázquez de Madrid 2019-20, il vit et travaille à Marseille.

Benjamin Mouly développe une pratique pluridisciplinaire traversée par la question de l’image. En utilisant la vidéo, la photographie, l’installation ou la performance, il investit l’écart entre l’expérience corporelle et visuelle d’un réel instable et les techniques normalisées de sa capture. Le regard occupe une place prépondérante dans son travail et l’image constitue un moyen d’appréhender le monde sans tenter de le saisir complètement.

Il met en scène des situations dans lesquelles se retrouvent par exemple des oiseaux, du sucre ou encore du saindoux. Ces matières et ces corps imprévisibles deviennent acteurs de relations où la présence humaine n’est plus le centre. La place de chacun est rendue trouble et les œuvres qui en résultent contiennent souvent une part incongrue ou absurde. Depuis 2019, la vidéo est un médium privilégié dans la pratique de l’artiste. Elle lui permet de faire exister dans la durée des gestes et des matériaux éphémères tout en continuant d’interroger des enjeux liés à la représentation.

Vidéo de présentation (Casa de Velázquez, 2020)

https://vimeo.com/428074338

00.

« For the Birds »

Texte publié dans le catalogue 2020 de la Casa de Velázquez.
(FR)

« Des histoires moins déterministes, des histoires qui laissent des marges de manoeuvre plus importantes, des histoires qui déjouent la tentation des modèles [01.] ». Ainsi Vinciane Despret qualifie le potentiel narratif que permet l’approche philosophique du comportement des oiseaux. Ces histoires, leurs modalités d’existence, leurs enjeux perceptifs, sont précisément celles qui habitent le travail de l’artiste Benjamin Mouly. Ancrée dans une pratique de la photographie, son œuvre ne cesse pourtant de déjouer la fixité des images, de creuser des écarts entre l’expérience corporelle et visuelle d’un réel instable et les techniques normalisées de sa capture. C’est dans cette perspective expérimentatrice et teintée d’humour que s’inscrit le projet filmique For the Birds que Benjamin Mouly développe à la Casa de Velázquez.

For the Birds est un film composé d’un ensemble de saynètes [02.] présentant un personnage multiple, cherchant à tisser une relation avec des oiseaux au moyens de matériaux insolites – le sucre, le gras – ou de techniques d’approches poétiques – l’attente oisive, la chorégraphie de gestes, la pratique amatrice de l’art. Figure de prestidigitateur dandy, sculpteur sur saindoux, peintre d’intérieurs de vestes, statue vivante, amateur de bagarres mais aussi de siestes, l’impersonnage de ce film est un expérimentateur. Inventeur de sens multiples et de modes d’action composites, mobiles, procédant d’occasions, il esquive le sérieux d’une approche scientifique par le burlesque de sa démarche, et permet ainsi l’avènement d’une autre modalité d’être au monde, en relation à la nature et aux oiseaux. En résulte la fabrique d’un écosystème de formes dont les qualités naturelles ou artificielles se trouvent saisies dans un jeu comique de renversement des valeurs.

Oscillant entre le documentaire, le western et le cinéma muet, For the Birds fait varier les genres et les registres autant que les regards. Soumis au déséquilibre, ceux-ci fabriquent une perception éclatée et polymorphique de la réalité en degrés et variables potentiellement infinis. Ainsi For the Birds est un film qui incarne les ressources insoupçonnées du domaine du vivant et l’éventail vertigineux des possibles qu’offre le champ du visible dès lors qu’il se conçoit hors de la seule perspective humaine. D’ailleurs For the Birds ne s’adresse pas forcément à des spectateurs humains, et après tout, comme un homme nouveau l’a un jour dit: « L’esthétique est à l’artiste ce que l’ornithologie est aux oiseaux [03.] ».

01. Vinciane Despret, Habiter en oiseau, éditions Actes Sud, 2019.

02. Une « saynète » est une petite comédie bouffonne jouée en entracte dans le théâtre espagnol. Le terme a pour origine le mot « sainete », qui désigne un petit morceau de graisse que l’on donne aux oiseaux pour les récompenser.

03. Citation de Barnett Newman, 1952.
(EN)

« Less determinist stories, stories that leave more room for manoeuvre, stories that thwart the temptation of [01.] ». Vinciane Despret thus qualifies the narrative potential that the philosophical approach to the behavior of birds allows. These stories, their terms of existence, their perceptive issues, are precisely those that are present in the artist Benjamin Mouly’s work. Rooted in photography, his work continues, however, to thwart the fixity of images, to widen the gaps between the bodily and visual experience of an unstable reality and the standardized techniques of its capture . The film project For the Birds, that Benjamin Mouly developed at the Casa de Velázquez, is part of this experimental perspective, colored with humour.

For the Birds is a film made up of a collection of saynètes [02.] (sketches) presenting a multiple character, seeking to forge a relationship with the birds by means of unusual materials — sugar, fat — or poetic approach techniques — idle waiting, choreography of gestures, amateur art practice. The uncharacter in this film — an illusionist dandy, a lard sculptor, a painter of the insides of jackets, a living statue, a lover of fights but also of naps — is an experimenter. Inventor of multiple meanings and of composite, mobile modes of action derived from opportunities, he avoids the seriousness of a scientific approach by being burlesque and thus allows the emergence of another modality to be present in the world, in relation to nature and birds. The result is the creation of an ecosystem of forms whose natural or artificial qualities are captured in a comic game of reversing values.

Oscillating between a documentary, a western and a silent film, For the Birds varies the genre and register as much as perspectives. Subject to imbalance, these create a divided and polymorphic perception of reality of potentially infinite degrees and variables. Thus, For the Birds is a film that embodies the unsuspected resources of the living world and the dizzying range of possibilities that the visible field offers as soon as it is conceived beyond the only human perspective. Moreover, For the Birds is not necessarily aimed at human spectators, and after all, as a new man once said: « Aesthetics is to the artist what ornithology is to the birds [03.] ».

01. Vinciane Despret, Habiter en oiseau, éditions Actes Sud, 2019.

02. A « saynète », or sketch, is a little farcical comedy performed during the interval in the Spanish theatre. The French term derives from the word « sainete » , which refers to a small piece of fat that is given to birds to reward them.

03. Quote from Barnett Newman, 1952.

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